L'église saint-Léger 

Boubers-sur-Canche

 

Église Saint-Léger

 

 

 

 

 

Le chœur

 

Le clocher, élevé en 1621 durant la période espagnole de l’Artois, mesure  28,75 mètres. Il est caractéristique d’un type de clocher artésien avec sa tour en pierre, carrée, massive, peu éclairée, renforcée par des contreforts d’angles et reposant sur un solide soubassement en grés. La décoration reste très sobre avec un portail formé d’un arc en plein cintre datant de 1621. Au-dessus du porche, on peut lire : « Me, Jacque Tellier, curé de ce lieu natif du ponderemi a tenu la main a faire ceste tour en mai 1621».

 

 

La flèche en pierre qui recouvre la tour du clocher est à crochets et octogonale, sa base est entourée d’une balustrade. Ce type de flèche est rare dans le secteur et se rencontre plutôt dans la région de Béthune ou de St-Omer.

 

 

La nef fut reconstruite en 1813, le chœur, le transept et la sacristie en 1848. On lit encore aujourd’hui, au-dessus de la porte,  les noms des maire, curé, et seigneur de cette époque, ainsi que des ouvriers qui travaillèrent à son rétablissement.

 

 

Le 3 novembre 1984, un coq en cuivre, œuvre de Lucien Derollez de Blangy-sur-Ternoise, a été placé à la pointe du clocher par le charpentier boubersois Louis Gambet en remplacement de l’ancien datant de 1938.

 

Saint Léger, patron de la paroisse 

 

Saint-Léger (v. 616-678). Issu d’une noble famille française, Léger est envoyé très jeune à la cour de Clotaire II. Sous la conduite de l’évêque de Poitiers, il devient diacre, puis archidiacre, pour être élu, vers 653, abbé du monastère de Saint-Maixent. Appelé à la cour du roi Clotaire III vers 659, il s’y acquiert une grande estime et se trouve pourvu de l’Evêché d’Autun. A la mort de Clotaire III, il est pris dans les remous des luttes sanglantes que se livrent rois mérovingiens et maires du palais ; après l’assassinat du roi Childéric II, le maire du palais Ebroïn se saisit de Léger et l’enferme dans un monastère après lui avoir fait crever les yeux. Puis en 676, Léger a la langue tranchée et est emmené au monastère de Fécamp. Quelque temps après, cité coupable dans le meurtre de Childéric, Léger affirme son innocence, mais Ebroïn le fait tuer en 678 ; un des assassins lui tranche la tête. (Le grand dictionnaire historique de l’histoire sacrée et profane de Louis Moreri, prêtre, docteur en théologie – 1732).

Selon la tradition artésienne, le martyre a eu lieu dans la forêt de Lucheux au fond d’une vallée que domine le village de Sus-Saint-Léger. Une chapelle marque l’emplacement du supplice.

 

 

 

 

Miroir historial de Vincent de Beauvais exécuté par Maître François  au 15ième siècle.

(Musée Condé de Chantilly)        

 

Église actuelle

 

L’église construite au 17ième siècle fut vendue et  démolie pendant la période révolutionnaire de 1789, seule la tour fut conservée.

 

En 1803, Jean Desmoncheaux devient curé titulaire de Boubers et de Ligny, annexe de Boubers. Pour lui, « le plus embarrassant, c’était de trouver un endroit convenable pour célébrer le St Sacrifice ». Pendant quelque temps la messe est dite à l’entrée du cimetière, puis sous la tour restée debout. Les fidèles se tiennent au pied de celle-ci sous une espèce de hangar fait à la hâte en attendant que l’église soit rebâtie. « On alla à la messe sous ce hangar près de 9 ans de 1804 à 1813 ».

 

Les noms des maires (Crevel), curé (Lepreux) et châtelain (Dusaillant) sont gravés près de la porte latérale de l’église, ainsi que ceux des ouvriers qui ont travaillé à sa reconstruction.

 

  • Continuation des travaux.

Le 7 mars 1818, les membres de la fabrique décident de procéder de suite au rétablissement des croisées (fenêtres) de l’église et d’établir les fonts baptismaux dans la muraille (ce qui n’est pas réalisé ; ils restent adossés au mur du fond de la nef jusqu’en 1894) .

 

Les archives de Boubers et celles de l’évêché nous apprennent que le clocher et l’ensemble de l’église ont été restaurés ou réparés à plusieurs reprises :

  • Après plusieurs réparations, en 1825 et en 1856, le clocher est entièrement restauré en1863.

 

  • Au mois d’août 1866, érection du maître-autel.

 

 

 

  • En avril 1874, érection de l’autel de la Vierge.

 

 Mr Deneuville, prêtre, fait élever à ses frais et avec les offrandes de personnes étrangères à la paroisse, un autel à la Vierge en chêne verni, œuvre de Mr Normand, architecte à Hesdin.

 

 

 

  • En 1880 – 1882, réparation du clocher et de la balustrade à la suite d’un ouragan suivi d’un hiver rigoureux.

Pour ces travaux, la municipalité demande une subvention au Département. Cette restauration est exécutée sous la surveillance de Clovis Normand, architecte à Hesdin et dont le grand-père paternel était aubergiste à Boubers.

 

 

 

  • En octobre 1887, érection d’un nouveau Chemin de Croix.

Mr Luglien Leroy, répondant aux désirs de son pasteur, remplace l’ancien chemin de Croix. La cérémonie a lieu le 2 octobre 1887, fête de St Léger.

 

 

 

  • En 1889, sacristie et travaux.

La construction de la sacristie actuelle, réalisée d’après l’étude de 1886 du cabinet Clovis Normand, se termine et le 19 décembre.

  • En 1890, bénédiction de 2 statues.

 Le jour de la procession habituelle en l’honneur du St Patron, les statues du Sacré-Cœur de Jésus et  de N. D. de Lourdes, offertes par des personnes de la paroisse sont bénites.

  • En 1890 – 1891, installation de nouveaux vitraux.

Les vitraux en verre sont défectueux, aussi le curé Rigaux fait appel au dévouement de tous : Mr Luglien Leroy assure l’achat des deux fenêtres du chœur, Mme la Marquise de Hamel Bellenglise, le vitrail de la chapelle St Nicolas, Mr Jules Hoez, maire, celui de la chapelle de la Sainte Vierge et le conseil municipal offre ceux de la nef. Le 16 décembre 1890, le conseil municipal entérine le marché de remplacement de la vitrerie de la nef, passé de gré à gré entre le maire et Mr Latteux Bazin, peintre verrier à Mesnil Saint Firmin (Oise).

 

       

  Vitrail offert par la marquise de Hamel

 

 

Tous les travaux de reconstruction et de réparation réalisés entre 1811 et 1845 ont coûté à la commune la somme de 7500 francs payés au moyen d’impositions extraordinaires et d’emprunts.

 

En 1848, sous la direction de l’abbé Delétoile qui possède des connaissances en architecture, sont construites les deux chapelles latérales (style néogothique) et la sacristie.

 

  • En 1893 - 1894,  restauration du pavement et création des fonts baptismaux.

Grâce à un legs fait à la paroisse, le changement des carreaux de pavement est entrepris en septembre 1893. Le sanctuaire est pavé en carreaux céramique. Diverses offrandes et le produit de quelques quêtes faites pendant les offices venant s’ajouter, la somme récoltée permet :

1° de remplacer les marches en bois, entre la nef et le chœur, par des marches en marbre

2° de paver les deux allées latérales en marbre noir Bazècle adouci,

3° d’ouvrir une chapelle en face de la petite porte, pour y placer les fonts baptismaux.

 

  • En 1895, réparation de la toiture.

En juin 1895, de nouveaux travaux sont effectués sur la toiture, toujours d’après des devis de l’architecte Normand.

 

  • Le 9 septembre 1900, inauguration de la tribune.

Tribune de l’église

                        

Depuis plusieurs années, la chorale souhaite une tribune pour s’y installer. Mr Luglien Leroy décide de la faire construire à ses propres frais.

 

 

 

  • En 1913 et 1914,

 Louis Descamps, curé de Boubers, fait l’acquisition de plusieurs statues : une statue de Saint Léger, patron de la Paroisse, qui a été bénite le 10 août 1913 et une de St Louis de Gonzague, une de St Roch, une de St Joseph.

 

  • De 1914 à 1918.

Pendant cette période, l’église s’enrichit encore de deux nouvelles statues : la première représentant l’Enfant Jésus de

Prague  offerte par Mme Frois Bernaud et la deuxième, une statue de Saint-Louis, roi de France et patron des filateurs, est remise à la mort de M. Luglien Leroy par la famille.

 

 

       

    Saint Léger    

 

  • En juillet 1919, don d’une statue de Jeanne d’Arc et d’une plaque commémorative.

Le 20 juillet 1919 a lieu la bénédiction d’une statue de Jeanne d’Arc (béatifiée le 18 avril 1909 et canonisée le 30 mai 1920) et d’une plaque commémorative portant les noms de 28 soldats de la paroisse tombés au champ d’honneur pendant la guerre 1914-1918, toutes deux offertes par Mme Mercier Luglien-Leroy. 

 

  • Entre 1925 et 1926, acquisition de nouvelles statues.

Le 10 mai 1925, une statue de St Michel est offerte par Mme Vicart-Verny de Boubers.

Le 26 septembre 1926, c’est une statue de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus qui est bénite.

 

Une semaine après, une statue de St Joseph,  acquise avec l’excédent de la collecte faite pour la restauration du chœur, est bénite à son tour

             

             Saint Michel                Saint Joseph         Sainte Thérèse                                                        Saint Louis             Sainte Jeanne D'Arc

  

  • En 1927, restauration des murailles et des peintures.

 

Depuis cette date jusqu’à la seconde guerre mondiale, diverses réparations ont été effectuées à l’église, mais c’est en 1946 et 1947 que l’on retrouve des travaux conséquents, l’édifice ayant été endommagé par les bombardements (bombe tombée à une centaine de mètres). Le maire, Jean-Baptiste Tilliette, passe un marché de gré à gré avec la société Cauchet de Frévent afin d’effectuer la remise en état de l’édifice.

 

D’autres interventions importantes sont entreprises en 1977 et 1995 :

 

  • En 1977, l’église a besoin de travaux de réfection intérieure : renforcement des piliers soutenant la voûte du chœur (dont le diamètre passe de 180mm à 274mm), remise à nu de la pierre dans son aspect d’origine et peinture de l’ensemble du bâtiment.
  • De novembre 1994 à juillet 1995, la restauration extérieure est effectuée sous la direction de Mr Cusenier, architecte départemental des Monuments de France.

 

Épigraphie

 

Pour compléter l’histoire de l’église, nous devons aussi décrire l’ensemble des inscriptions gravées sur ses murs. Elles sont parfaitement reproduites dans le  Dictionnaire topographique du Pas de Calais rédigé par le comte de Loisne en 1907 : ci-après extrait concernant Boubers.

 

« A la clef du portail en plein cintre, on lit le monogramme  HIS (en relief)  surmonté de la date 1621 (en creux).

 

 

Plus haut, à gauche, un grès porte cette légende en relief:

ME  JACQVE  TELLIER  CVRE  DE

CE  LIEV  NATIF  DV  PONDEREMI

A  TENV  LA  MAIN  A  FAIRE  CE

 

 

 

STE  TOVR  -  E
N   MAI   1621

 

 

A droite, un peu plus haut, même inscription :

 

ME  -   JACQVES  -

.  .  ELLIER  .   CVRE  .   DE

BOBER  .   NATIVE

DV  .   PODEREMI  .  A  .   T

ENV  .   LA  MAIN  .   A

FERE  .   CEST  TOVR

EN   MAI  .  16Z1

 

 

 

Encore plus haut, sur pierres en relief :

 

                                                               LOVI  
                                                               P’VOT   

 

VI   D  AVST
      16Z1

 

A gauche   :                                        A droite :   

           

                                                                                                             

 

Au dessus, sculptés sur pierre mais complètement martelés : un grand écu entouré du collier de la toison d’or, surmonté d’une couronne ; en dessous la date 16Z1 ; le tout dans un cadre rectangulaire en saillie ; de chaque côté, deux autres écussons couronnés. Sur le premier à gauche, on distingue encore une bande.

 

 

Sous la corniche de l’étage des cloches, une pierre porte, en creux, une inscription en bon état :

 

Mr  IEhA  FLIOT FILS DE IEhA FLIOT GREFIER DE CE LIEV SECRETAIRE A SON EXCELLENCE

 

 

 

Sur la face sud du clocher : deux grés portant en relief ces mots :

 

P. ROAR                         DIT FAR

 IHS     MA      PIER   SOBRE

 

 

Sur la face nord : grand écusson écartelé et au chef  (bûché) :

A.  CADO      M.  BOUTIA

F   D   P        D   A   B

 

Grès en creux:en relief :

 

 

Sur la nef reconstruite, on trouve les inscriptions suivantes :

 

CREVEL   MAIRE

MILON  ADMINISTRATEUR

Mr LE CONTE DUSAILLANT

 

NANTOIS  ADJOINT

LEPREUX            + CURE+

 

 

PRUVOT   MACON

J. GAQUERE          GARDE CHAMPETRE

POLROT      CLERC

 

Ces mots sont sculptés en relief, excepté ceux soulignés qui sont gravés en creux.

 

Et sur le portail, la date : 1813 ».

 

 

Sur le mur sud de la tour est encastrée une plaque de marbre blanc, de 0,58 m de côté, qui porte l’inscription suivante:

 

Icy reposent

Les corps du sieur

Jacques-Philipes-joseph

ATTAIGNIANT décédé le 20

May 1778 agé de 39 ans et 3

Mois, époux de Delle Jeanne

Françoise LE SENNE

Laquelle trépassa le

 

Agée de   ans

Requiescant

In pace

 

Au-dessus   : un sablier, des urnes et des larmes,

Au-dessous : une tête de mort avec ailes de chauve-souris.

 

 

La cloche « Aline »

 

La cloche actuelle date de 1867.

Elle porte l’inscription : « Donnée par Mr le baron de Fourment d’Aguisy, j’ai été bénite, l’an 1867, par M. Jules Maes, doyen d’Auxi-le-Château, assisté de M. Léonce Henri Louis Deneuville, curé de Boubers-sur-Canche. J’ai été nommée Aline Jeanne Louise Marie Luglien-Leroy par le baron Antoine Auguste de Fourment d’Aguisy, mon parrain et Mme Elisa Ritter, ma marraine. Mr Jules Hoez étant maire.

Fondeur Cavillier Luneau à Amiens ».

 

 

 

Église Saint-Léger