Boubers-sur-Canche
Le château
Le château de la famille de Berghes
En 1272, le seigneur de Boubers possédait déjà un « château » avec une chapelle. On trouvait dans ce « château-fort » une belle cave voutée, sans doute remaniée, qui a été détruite lors de l’incendie du bâtiment en 1922.
A la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe, Philippe-Ignace de Berghes fait élever le château de Boubers, il y marie ses filles en 1713 et 1715.
Marie Joséphine Isabelle de Berghes, princesse de Rache, dame d’Ohlain et Boubers qui succède à son père, l’a certainement fait modifier et agrandir entre 1720 et 1735, comme l’indiquent la date de 1726 sculptée sur la face nord du pigeonnier et la date de 1731 gravée sur certaines tuiles des bâtiments longeant la Canche.
Façade nord du pigeonnier
La famille de Berghes habite le château jusqu’à la mort de la princesse Marie-Magdeleine Ignace Guislaine de Berghes en novembre 1799. Sa succession est recueillie par la comtesse du Saillant, sa nièce, qui lègue à son mari l’usufruit de la moitié de tous ses biens dont le domaine de Boubers. Quelques années après la mort de la comtesse, ses enfants décident de liquider la succession et le château est mis en vente.
Mr Delaporte-Leroy, industriel à Amiens, achète le domaine. Il s’associe au baron Guillaume Louis Ternaux, industriel parisien, afin d’y installer une filature. Ce dernier fait supprimer tous les aménagements intérieurs du bâtiment principal pour y installer une partie de l’usine. En 1833, Mr Ternaux meurt, aucun de ses fils ne veut reprendre les activités industrielles, l’usine est alors mise en vente.
Le 4 avril 1835, à la requête de M. Rouget-Beaumont, liquidateur de la Société Ternaux et Cie, l’usine et le château sont adjugés à l’audience des criées de la Seine, au baron François Luglien de Fourment, manufacturier à Cercamp.
A la mort de son père en 1864, Auguste de Fourment hérite ; en 1885, il se retire, laissant seul administrateur gérant Luglien Leroy, deuxième fils naturel du baron. Ce dernier a vécu dans l’aile gauche de l’édifice jusqu’à sa mort en 1916.
Le 19 juin 1922, un incendie détruit une très grande partie du château. Ne subsistent que l’aile ainsi que l’enceinte, les écuries, le pigeonnier et différentes dépendances.
En 1926, ces biens appartiennent au Comptoir Linier, en 1968 à la société Saint- Frères, en 1972 au groupe Agache Willot et servent de logements aux cadres de l’usine.
En 1989, l’aile restante du château et les dépendances sont vendues à la société immobilière Magenta.
Description du château
Une description nous est donnée dans l’épigraphe du Pas de Calais de 1921 :
« De cet important et beau château, c’est la façade sur l’ancien jardin qui est la plus belle. Elle comprend deux étages de quinze fenêtres chacun, dont les trois médianes forment un perron en avancée. Les clefs et les encadrements sont finement sculptés. Sous ce vaste logis règne une remarquable cave, séparée en deux nefs par des massifs cubiques de maçonnerie et voûtée en berceau. A l’une des extrémités, la voûte est refendue par une belle colonne de grès, monolithe, de la fin du XIIe siècle, avec un chapiteau à feuillages. Les murs sont d’une grande épaisseur et d’une solidité à toute épreuve».
Vue du « château » en 1910 avant sa destruction.
C’était un des plus grands d’Artois. Il comprenait plusieurs salons, une salle à manger avec table en marbre, une vingtaine de chambres, divers cabinets, un théâtre et tous les espaces de services : office, cuisine, lingerie, laverie. Un souterrain, dans lequel donnent plusieurs caves, relie le pavillon d’angle à l’aile gauche.
Vers 1860, la famille de Fourment fait construire le bâtiment qui relie le pavillon d’angle à l’aile gauche ; des aménagements y sont réalisés par le cabinet Clovis Normand en 1892 à la demande de Luglien Leroy.
L’incendie, qui détruisit le château, épargna toute l’aile d’habitation, ce qui permet d’avoir aujourd’hui une idée de ce qu’étaient à l’origine les sous-sols et les escaliers reliant les étages.
Passage entre les caves
Voûte sous l’aile gauche
L’escalier qui dessert les étages est doté d’une rampe de type hesdinoise, c'est-à-dire formée d’une succession de balustres plats en bois découpé, à l’imitation des modèles de ferronnerie.
Escalier situé dans l’aile restante du château
Habitation actuelle entre le pavillon d’angle et l’aile gauche
Sur la droite de la cour se trouvent les dépendances : la grange, les écuries et le pigeonnier qui datent du XVIIIe siècle.
Écurie et grange
L’entrée principale du château, située sur la Place du Général de Gaulle (place de l’église), composée d’un portail monumental en pierre blanche, couronné d’un grand fronton semi-circulaire permet d’accéder à l’ancienne cour d’honneur.
Portail de l’entrée
Le pigeonnier